SOS : je subis un Examen de la Situation Fiscale Personnelle (« ESFP »)
Rédigé par Marc Uzan - - 4 commentairesDéclarations inexactes, erreurs, omissions ou fraudes délibérées, les logiciels de la DGFiP sont de plus en plus performants. Ils alertent les agents en charge des irrégularités, qui peuvent alors décider de déclencher une enquête approfondie, que l’on nomme examen contradictoire de la situation fiscale personnelle.
Seuls 10% des contrôles fiscaux concernent les particuliers : les avis d’Examen de Situation Fiscale Personnelle ne sont pas anodins et doivent être pris au sérieux.
Habituellement, les vérifications se déroulent à distance : si aucune anomalie ne transparaît ou si le signalement n’est pas fiable, la procédure s’arrête là.
Si en revanche vous recevez par voie postale le fameux imprimé de demandes d’informations n° 754 ou 2172, et sa relance, l’imprimé 2172b, il est temps de réagir.
Comment limiter les rectifications fiscales et aborder cette procédure sereinement ?
Parcourez ce guide de l'ESFP : il retrace les étapes du contrôle des particuliers et résume tout ce qu’il est important de savoir.
Qu’est-ce qu’un contrôle de situation fiscale personnelle ?
Le fisc n’est pas satisfait, de nombreuses défaillances ont été pointées pendant l'étude de votre dossier dans les bureaux de l’administration fiscale. Un agent s’est penché sur votre cas et a centralisé toutes les informations dont le fisc dispose déjà sur vous. Il y a trouvé de nombreuses incohérences ou anomalies. Il a besoin d’y voir plus clair sur votre situation fiscale : il déclenche un examen de situation fiscale personnelle. Cela va lui permettre de vous rencontrer dans ses locaux à plusieurs reprises, pour vous poser des questions et vous demander d’autres documents et informations.
Plus précisément, voilà comment se déroule cette procédure, dans la majorité des cas :
Un examen fiscal sur-pièces (c’est-à-dire dans les bureaux du fisc, sans le contribuable) non-concluant qui entraîne une demande de renseignements complémentaires
Les lettres 752 (invitation à transmettre des justificatifs précis) ou 754 (complément de renseignements sur la situation familiale, lieu de résidence et les sources de revenus...) énuméreront les points à éclaircir, et les documents à fournir.
Ne faites pas attendre l'administration, elle n’aime pas cela… D'autant qu’entraver sciemment le contrôle vous ferait automatiquement passer dans la catégorie «fraudeurs», un statut qui double les pénalités (100% de l’amende initiale) et enclencherait quasi automatiquement la seconde étape : le contrôle fiscal de situation personnelle. Si besoin, prenez attache avec un avocat fiscaliste.
Les erreurs classiques (oubli ou méconnaissance légale) s'annoncent par simple imprimé n°2120 : réglez votre dette, si elle vous parait justifiée, ou contestez là dans le cas contraire, et l'affaire sera classée.
Les imprimés 752 et 754 marquent une autre volonté du fisc : en savoir plus sur votre situation fiscale.
EFSP, quand le fisc s'immisce dans votre vie privée et dans vos comptes bancaires
Une véritable enquête financière, qui ne se déroule pas à votre domicile, mais dans les locaux de la DGFiP.
Les agents compareront toutes vos déclarations, vos dépenses, éplucheront vos comptes bancaires et l’origine de tous les biens de votre foyer fiscal.
Bien que l'email se banalise, la date de début du contrôle est annoncée par courrier en recommandé avec accusé de réception. Jetez un œil dans vos archives et isolez les documents qui intéresseront le contrôleur. Constituez un dossier précis, concis et pratique, spécialement pour l’entretien. Un professionnel pourra vous y aider.
Faire « retomber la mayonnaise » dès le départ est crucial pour vous.
Les explications et documents donnés au premier rendez-vous sont donc fondamentaux.
Conseils pour un examen de situation fiscal réussi
Soyons clairs, si le fisc a déclenché ce contrôle, qui est une procédure de contrôle lourde et approfondie (plusieurs rendez-vous dans les bureaux du fisc, demandes de nombreux documents supplémentaires…) c’est que le fisc pense que vous êtes, pour faire simple, un fraudeur, et qu’il entend vous infliger au final des redressements fiscaux.
Cependant, les contrôleurs ne sont pas vos ennemis. Ils font simplement leur travail.
Veillez à instaurez un climat toujours cordial et respectueux.
Veillez par ailleurs à avoir des explications claires et tangibles. Les agents en charge des ESFP y sont sensibles.
Préparer les documents importants et réfléchissez au motif du contrôle
Pourquoi vous contrôle-t-on ? C’est la première question à vous poser, car vous pourrez alors anticiper les questions du fisc et préparer votre défense.
L’objectif est idéalement de bétonner votre défense dès le départ, ou, au pire, de gagner du temps, ainsi que d'éviter d'irriter l’agent du fisc avec des explications hasardeuses qui renforceront sa conviction que vous êtes de mauvaise foi.
Mettez-vous à sa place, les arguments du type « Mais je ne savais pas qu’il fallait que… Ce n’est pas moi…Je suis dans une situation financière très difficile en ce moment…Si j’ai fait cela c’est parce que j’étais pris à la gorge financièrement… », il en voit chaque jour. Et tous ces arguments n’ont rien de juridique, ils n’auront donc aucun poids.
Soyez clair dans les faits, et armez-vous d’arguments juridiques.
Restez courtois
Fiches de paie, assurances-vie, baux de location, placements, ordres de virement, actes notariés, justificatifs d’emploi, factures EDF/GDF, questions interminables sur votre situation, attendez-vous à ce que votre quotidien soit passé au crible.
Cela n’est pas agréable, et très stressant pour certains contribuables, mais évitez à tout prix tout écart vis-à-vis de l’agent en charge du contrôle, cela ne pourrait que vous desservir.
Documents attestant de votre bonne foi
L’examen de situation fiscale personnelle a pour but de recueillir vos explications et de recueillir des documents que le fisc n’a pas ou pourrait avoir mais en en faisant la demande officiellement par écrit (aux banques, à votre employeur...Ce qui prend du temps et des démarches supplémentaires). Mieux vaut donc fournir ces documents, que le fisc pourra de toutes manières obtenir tôt ou tard, et paraitre transparent, que ne pas les donner et apparaitre comme non coopératif.
La constitution d’un dossier avec tous les documents pertinents est donc importante. Ces documents viendront appuyer vos explications et prouver ce que vous avancez.
Comment se déroule l’ESFP ?
Vous êtes tout d’abord invité à rencontrer un agent ayant en général le grade d'inspecteur des Finances Publiques, dans les locaux de l’administration fiscale, pour un premier rendez-vous. Il vous est demandé de venir à ce premier rendez-vous avec toute une liste de documents, notamment, la liste de vos comptes bancaires, vos relevés sur trois ans, la liste de votre patrimoine, vos documents d’identité.
Ce premier rendez-vous est crucial. Il faut montrer à l’agent chargé du contrôle que vous êtes de bonne foi, que votre gestion a été globalement conforme aux règles légales, et que vous disposez de divers justificatifs à l’appui de votre version des faits.
Durant tout l’ESFP (qui dure en général autour de 6 mois) il faut impérativement répondre aux diverses sollicitations orales (téléphone, RDV...) tout en bétonnant le dossier avec des démarches écrites. Conservez une copie et les justificatifs d'envoi de tous vos courriers.
Vérifiez la conformité de la procédure
Cela est très technique, et il est probable que vous n’ayez pas les compétences pour ce faire, mais cela est extrêmement important.
La procédure que doit suivre l’agent est stricte et complexe. L’agent y fait en général attention. La fébrilité souvent ressentie à ce sujet chez l’agent montre bien à quel point une erreur procédurale est vite faite.
Exemples d’erreurs procédurales pendant un ESFP (mais il en existe tellement d’autres, qui changent bien entendu en fonction de la situation spécifique du contribuable contrôlé !)
- Conservation des documents originaux du contribuable
- Non invitation à se faire assister d’un conseil
- Non indication que la charte du contribuable peut être consultée sur internet ou lui être remise sur demande
- Proposition de rectification hors délais
- Envoi des 2172 à la mauvaise adresse ou absence d’avis de réception
- Redressements insuffisamment motivés (aussi bien dans les faits que d’un point de vue légal)
- Réunions avec le fisc en nombre insuffisant ou d’une durée insuffisante (le fisc doit instaurer un débat contradictoire : c’est-à-dire qu’il doit être en mesure de prouver qu’il vous a suffisamment écouté et donné la chance d’apporter votre version des faits)
- Mélanges de procédures : le fisc vous contrôle vous en tant que particulier mais se met à se plonger dans la comptabilité de votre société, par exemple
- Vice de procédure lié à l’échange international de renseignements : le fisc demande à un Etat étranger des renseignements sur vous mais ne vous en informe pas officiellement c’est-à-dire par écrit
- Etc…La liste est longue et varie en fonction des cas
Vous l’aurez compris, un faux pas et l’ensemble des redressements in fine appliqués pourraient être annulés.
Si les enjeux financiers vous semblent importants, faites donc appel à un professionnel de la fiscalité, tel un avocat fiscaliste, pour vous assister.
Les examens de situation fiscale personnelle et redressements sont autorisés jusqu'à trois ans après envoi de la dernière déclaration, à N+3. Le non-respect de ces délais constitue un vice de procédure. Il va de soi que pour bénéficier de ce droit, vous devez être en règle dans vos déclarations de ressources.
Une erreur d'annotation ou un croisement de dates invalide et le contrôle pourrait être entaché d’un "vice de forme".
L’absence d’un débat contradictoire équitable et objectif peut aussi être à l'origine d'un vice de procédure. Ce dernier étant difficile à démontrer, il est préférable de faire appel à spécialiste du droit fiscal.
Ces subtilités légales font souvent leurs preuves alors pourquoi s'en priver ? Si vos déclarations de revenus sont raisonnablement remplies, et en tenant compte des tolérances fiscales, il n'y aucune raison de s'inquiéter. En cas d'erreurs ou de mauvaise compréhension des lois, nous l'avons vu, des moyens de défense efficaces vous seront proposés... à condition bien-sûr de s'informer ou de demander conseil à un professionnel.
Potassez les circulaires et publications ministérielles, elles sont un support recevable en cas de litige.
Et surtout, rappelez-vous que faire l’autruche est la pire des défenses ! Répondez aux courriers/appels/emails, rendez-vous aux réunions proposées par le fisc, apportez les documents requis.
Si vous ne le faites pas, vous faciliterez grandement la tâche du contrôleur, qui pourra vous infliger des redressements dits d’office. Cela ira beaucoup plus vite pour lui et il n’aura pas à s’embarrasser à vous rencontrer, vous écouter, construire des attaques cohérentes, envoyez des courriers, monter son dossier…
Répondre présent, avec une bonne défense, est de loin la meilleure stratégie pour alourdir drastiquement la tâche du contrôleur aussi bien au fond qu’en termes de procédure, et, souvent, réduire le montant des redressements.
Notre cabinet d’avocat fiscaliste peut vous assister.
#1 - sancho765 a dit :