La fiscalité des cryptos monnaies (Bitcoin etc…) expliquée de manière simple
Rédigé par Marc Uzan - - 12 commentairesConsultez ici le régime applicable depuis le 1er janvier 2019
D’emblée, il convient de noter que pour le moment il existe très peu de textes sur lesquels s’appuyer.
La loi est probablement amenée à évoluer, et les décisions de jurisprudence sont probablement amenées à se multiplier, tant les questions fiscales sont nombreuses et les enjeux financiers importants.
Je vous propose une étude fiscale très succincte en quatre thèmes, dont mes éclaircissements sur les risques liés aux réflexes basiques pour éluder l’impôt : quitter la France.
Attention : il s’agit d’une étude très simplifiée, à vocation pédagogique uniquement.
L’achat et la conservation de cryptos monnaies
Exemple : j’achète aujourd’hui un bitcoin, payé en euros. Je conserve ce bitcoin. Demain, son cours double. Suis-je imposable sur le gain latent ?
Avocat fiscaliste : non. Tant que le bitcoin est conservé, le gain latent n’est pas imposable.
L’achat de biens ou services à l’aide de cryptos monnaies
Exemple : Il y a 5 ans j’ai acheté 1 bitcoin 1€. J’achète aujourd’hui une nouvelle voiture 15 000€ payée par bitcoins. Cet évènement déclenche l’imposition du gain réalisé sur le bitcoin : 15 000 – 1 = 14999. Ce gain de 14 999 € devient imposable. Si j’achète et vends des cryptos monnaies régulièrement, ce gain est imposé dans les bénéficies industriels et commerciaux (BIC). Si j’achète et vends des cryptos monnaies très rarement, ce gain sera imposable dans les BNC (bénéfices non commerciaux).
L’achat de cryptos monnaies à l’aide d’autres cryptos monnaies
Fiscalement, analysé comme un échange, chaque « échangeur » sera taxé (BNC ou BIC, cf ci-avant) sur le gain réalisé.
Exemple : j’ai acheté un bitcoin 1 € il y a 5 ans. Aujourd’hui, j’acquière 5 ETH payés à l’aide de mon bitcoin. Chaque ETH vaut 3000€. Mon gain, imposable, est de 5*3000-1=14999€.
Quitter la France pour vendre ses Cryptos à l’étranger : un bon plan ?
Tout d’abord, il convient de noter que le mécanisme de l’exit tax pourrait sembler pouvoir s’appliquer aux cryptos monnaies. Rien n’est encore tranché sur ce point juridique, mais nul doute que les juges auront à trancher ce point dans le futur. Si l’exit tax devait être considérée comme applicable, les gains latents liés aux cryptos monnaies seraient immédiatement imposables. Cela viderait un départ de France de toute son utilité.
Par ailleurs, un départ de France sous-entend que les conditions de fond soient respectées pour atteindre l’objectif qu’est la perte de la résidence fiscale Française. Il faudra alors se reporter aux conventions fiscales, si elles existent. Et bien comprendre que cela sous-entend souvent de nombreux sacrifices.
D’autre part, le développement de la collaboration inter bancaire et l’échange d’informations, automatiques avec près d’une cinquantaine d’Etats, devrait permettre au fisc, tôt ou tard, de récupérer des informations susceptibles de déclencher des contrôles et des rectifications, le cas échant assorties de lourdes pénalités.
Conclusion : la question des cryptos monnaies est une question jeûne, encore très peu mature juridiquement. Nous n’avons que très peu de recul d’un point de vue technique. D’un point de vue pragmatique, la collaboration des banques avec le fisc français, qui concerne les établissements de nombreux Etats, devrait lui permettre, tôt ou tard, de retrouver la piste de nombreux contribuables ayant quitté la France pour éluder l’impôt.
ATTENTION, d’autres questions fiscales très importantes doivent être étudiées : l’applicabilité de la TVA, et le traitement fiscal des sociétés émettant (ou devrait-on plutôt dire, cédant) des tokens (ICO, initial coin offering). Ces questions, trop techniques pour une étude à vocation purement pédagogique, n’ont pas été abordées.
Notre cabinet d’avocat fiscaliste peut vous assister.
#1 - Roger ETH Maniac a dit :